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Vagues

Installation des Journées du Patrimoine : « Vagues »

 

Nous voici pour la troisième fois dans cette chapelle Notre-Dame-de-la-Victoire pour laquelle j'ai conçu un évènement en triptyque, calé sur trois dates significatives pour le lieu:

·         le 8 mai, autour du thème de la Victoire,

·         le 15 août autour du thème de l'Assomption,

·         les journées du Patrimoine, où il est fait écho aux mémoires successives du lieu.

Pour aborder cette troisième installation, il faut se souvenir, du passé romain du site de la Victoire : les thermes d’Alauna sont tout proches, comme les vestiges du théâtre romain. Enfin cette chapelle se trouve bâtie à la croisée de voies romaines, sur de probables restes d’un temple païen qui aurait pu être dédié à Diane, déesse des croisées de chemin.

Il faut aussi songer aux connexions, historiques et symboliques, qui s’établissent entre le culte de Diane, et celui des deux autres vierges du panthéon gréco-romain (Vesta et Minerve), et le culte de la Vierge Marie, a travers l’image de la femme de l’Apocalypse, l’enjeu d’Ephèse, lieu majeur du culte de Diane, pour les apôtres, la légende du tombeau de Marie, le concile d’Ephèse en 431...

Il faut enfin songer aux drames et péripéties dont la chapelle fut témoin avant et après sa consécration à la Vierge de la Victoire par saint Jean Eudes en 1643.

 

Comme aux journées de la Victoire et à l‘Assomption, en entrant dans la nef vous serez entourés de vagues et de rivages qui évoquent la mer si proche de tous côtés, et les flux et reflux des pensées, des croyances, des histoires dont le lieu témoigne, comme une laisse.

Vous aurez noté la silhouette étroite de la chapelle, l’espace tout en hauteur qui élance le regard vers le ciel, du sol de l’allée vers le chœur, ses trois fenêtres, la statue de la Vierge, le crucifix surplombant la nef, la voûte de bois. Vous aurez noté aussi le rythme des arcs. Arcs tendus et flèche lancée vers le ciel ; la tentation est grande de rêver à la Diane chasseresse, son arc, son croissant de lune…

 

C’est pourquoi, vous découvrirez, surgissant des murs comme du passé ou de la forêt qui peuplait jadis le Cotentin, des déesses, les trois vierges Diane-Artémis, Minerve-Athéna, Vesta-Hestia ou leurs suivantes, les nymphes, les arcs, la lune, qui sont leurs attributs avant d’être ceux de la Vierge.

 

Il y a tant d’autres relations à rêver : la chapelle, comme une réduction du cosmos, comme une grotte, et comme une forêt, comme donc le repère de l’ours (Callisto), du sanglier (Atalante), du cerf (Actéon)… l’arc se referme sur Diane, la vague se replie sur le rêveur…

 

  Dans l’espace de la chapelle, le vol des oiseaux hésite et tourbillonne : vol contrarié des mouettes entre les vagues, vol incertain des colombes vers Marie, retour des corbeaux, messagers des dieux antiques...

 

 

La soprano Stéphanie Mugnier interprétera l’air « Casta Diva » que chante la prêtresse de la lune dans « La Norma » de Bellini, et l’Ave Maria que chante Desdemona avant de succomber à la vengeance aveugle de son époux dans « Othello » de Verdi, deux invocations virginales qui convoquent paganisme et christianisme à se retrouver en ce lieu écho des vagues des temps et des passions.

 

Philippe Lefebvre

Tag(s) : #journées
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